Abstract
Il est peu de tableaux conservés de Titien sur lesquels nous soyons aujourd’hui mieux renseignés que la Vénus du Pardo[Fig. 1], toile de très grandes dimensions (la plus grande jamais peinte par le maître) dont les nombreuses vicissitudes matérielles, riches en tribulations, constituent en soi une importante source de renseignements: pour des raisons encoremal élucidées la composition demeura inachevée dans l’atelier du peintre pendant presqu’un demi-siècle, manqua de disparaître dans un incendie, passa de la collection royale d’Espagne à celle de Charles Ier d’Angleterre, avant d’être rachetée par un colonel anglais, qui la vendit à prix d’or au cardinal Mazarin, que son neveu, semble-t-il choqué par la nudité de la femme endormie au premier plan, décida finalement de céder à Louis XIV1. Toutefois, cette pléthore d’informations matérielles n’a d’égal que lesilence, relativement embarrassé, des historiens de l’art sur le contenu, déroutant à vrai dire, de l’œuvre.